La transition que vit actuellement la Tunisie et le contexte continental et mondial de crise économique, le manque d’opportunités professionnelles, le chômage, et l’exclusion sociale ont poussé un grand nombre de jeunes Tunisiens à migrer et se sentir très tôt sans perspective d’avenir dans leur pays, n’envisageant donc un épanouissement qu’ailleurs. Si les flux tendent à se stabiliser depuis 2011, la migration reste un enjeu majeur du développement de la Tunisie, d’un point de vue de la gestion des départs, mais également de la bonne réintégration des migrants de retour et de la sensibilisation de la diaspora de seconde et troisième générations, ancrée dans sa société d’accueil.

Les jeunes tunisiens, aussi nombreux soient-ils, restent très vulnérables aux facteurs de pauvreté et d’exclusion politique, économique et social. Leurs alternatives d’épanouissement ou d’émancipation professionnelle, culturelle et personnelle dans leurs communautés d’origine restent souvent restreintes. Il a été prouvé par l’OIM en se basant sur le « Gallup World Poll » (2011) que ce facteur de bien-être manquant pouvait entraîner ou contribuer à un sentiment de désespoir créant une aspiration au départ.

La Tunisie compte de nos jours une population très jeune avec 51% de sa population ayant moins de 30 ans. 33% des jeunes diplômés se retrouvent au chômage quand beaucoup n’ont même pas eu la chance d’accomplir des études supérieures. Ce chiffre de chômage chez les jeunes diplômés est un des plus élevés au monde, et il s’élève à 45% pour les jeunes femmes. Il s’agit d’un manqué à gagner pour les régions rurales, mais aussi dans les zones périurbaines pourtant demandeuse d’opportunités pour jouer pleinement son rôle dans sa société et son développement.

Le rapport de l’OIT sur les tendances de l’emploi en 2014 affirme que la Tunisie est un cas spécifique de la région MENA, caractérisé par une population surqualifiée et souvent pas/peu adaptée aux besoins du marché local. Dans le même temps, il existe une réelle volonté sociale en Tunisie de la part des jeunes d’impacter positivement sur le développement de leur pays et d’apporter leur pierre à l’édifice sociétal tunisien, comme le prouve le passage de 6 000 associations avant 2011, à plus de 16 000 aujourd’hui. L’investissement des jeunes n’est d’ailleurs pas étranger à cette explosion de croissance associative.

L’action de l’OIM en Tunisie pour la jeunesse

L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) travaille activement sur la jeunesse à travers le monde, la région MENA et bien évidemment la Tunisie. Directement concerné par une population au fort potentiel migratoire, puisque 75 millions des 232 millions de migrants dans le monde ont moins de 30 ans, et puisqu’on estime que plus de 40,000 jeunes Tunisiens ont migré en Europe au lendemain de 2011, l’OIM intègre les jeunes Tunisiens comme bénéficiaires de ses programmes de protection, d’assistance, de prévention mais également de développement et de migration de travail, et s’efforce de promouvoir leur rôle, non plus comme force simple de contestation, mais aussi comme force de proposition politique et facteur de développement social et économique.

A l’aube de la formulation des Objectifs du Millénaire pour le Développement post-2015, l’OIM souhaite renforcer son engagement dans l’autonomisation, l’émancipation et le développement de la jeunesse tunisienne, dans le but d’offrir de la prévention et des alternatives à la migration irrégulière, ainsi que des informations sur la migration régulière. Au-delà même de ces services, l’OIM souhaite contribuer à développer de réelles opportunités de vie professionnelle, sociale et politique aux jeunes Tunisiens de Tunisie mais aussi résidents à l’étranger.

Dans ce cadre, l'OIM a participé avec les agences du Système des Nations Unies à l'organisation d'une consultation de la jeunesse tunisienne invitée à s'exprimer que les objectifs de développement durable post 2015 de la Tunisie, à l'occasion de la journée mondiale de la jeunesse le 12 août 2014.

Engager les enfants et les jeunes de Tunisie à prévenir les risques de la migration irrégulière

Le projet régional SALEMM « Solidarité Avec Les Enfants du Maghreb et du Machreq » est mis en place par le Fond Provincial Milanais de Coopération Internationale (FPMCI), l’Association nationale sans frontières (ANOLF) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Il est cofinancé par l’Union Européenne, le Ministère de l’Intérieur Italien et la Coopération Suisse en Tunisie.

Ce projet vise essentiellement à prévenir les risques de la migration irrégulière et à réduire la vulnérabilité des enfants et des jeunes tunisiens à ce phénomène à travers le renforcement de systèmes d’inclusion sociale, culturelle et économique dans les territoires d’origine. L’action comporte plusieurs volets parmi lesquels l’animation sociale, la formation professionnelle, la promotion de l’emploi, l’orientation éducative, le soutien scolaire ainsi que l’appui psychosocial.

Encourager les jeunes tunisiens à contribuer à la réalisation des OMD en stimulant l’emploi

Le Programme conjoint « Jeunes, Emploi et Migration », financé par les fonds espagnols pour les OMD a été mis en œuvre de 2009 à 2013 par l’OIM et quatre autres agences du système des Nations Unies (BIT, FAO, ONUDI et PNUD) dans les régions pilotes de El-Kef, Gafsa et Tunis et a ciblé deux groupes, à savoir les diplômés universitaires au chômage et les jeunes non qualifiés au chômage. Il a permis de renforcer les capacités régionales et nationales à élaborer, mettre en œuvre, coordonner et suivre les politiques et les programmes concernant l’emploi et la migration; et promouvoir des projets innovants en matière de création d’entreprises et d’emplois.

Concernant la migration, deux axes principaux ont été traités : Les opportunités de migration de travail des Tunisiens à l’international et la réintégration des Tunisiens de retour. L’OIM organise également une consultation jeunes post-2015 conjointement avec d’autres agences du Système Nations Unies.

Promouvoir l’entrepreneuriat comme facteur de développement local et d’émancipation économique auprès des jeunes diplômés

En ce qui concerne l’Entrepreneuriat social et l’économie solidaire, l’OIM encourage ces thématiques comme facteurs de développement local et national permettant la création d’emploi, l’innovation et le renforcement du tissu de la société civile. Organisation partenaire de l’initiative « Souk At-tanmia » en Tunisie, appel à projets, suivi et financements de projets d’entreprises, et initiateur de la plateforme régionale « Narwi » à l’échelle régionale visant la récolte et la dotation de micro-dons pour des entrepreneurs, appelant à la solidarité diasporique, l’OIM est engagée à travers le monde dans ses différents mandats à développer localement et régionalement les initiatives créant des emplois et visant plus généralement à stabiliser populations les plus vulnérables à fort potentiel migratoire, ainsi que de l’émancipation de la jeunesse.

Renforcer le rôle de la jeunesse dans le processus démocratique

Depuis 2011, la démocratie n'a cessé d'évoluer en Tunisie, elle a renforcé ses capacités et consolider ses fondements. En parallèle, ce processus démocratique a eu tendance à marginaliser la participation des jeunes, en ne tenant pas compte du fait que, pour autant, ils représentent une partie considérable de la population, la génération de demain et ainsi les plus touchés par les décisions prises aujourd'hui. D'autre part et en conséquence, les jeunes et leurs organisations de la société civile (OSC) ont perdu foi en leurs institutions nationales et sont réduits à un rôle mineur dans les décisions consultatives et participatives du processus décisionnel. Ils sont des acteurs clés de la société et la démocratie a besoin de la jeunesse pour continuer son affirmation. L’OIM s’applique, par ses différentes actions actuelles et futures, à promouvoir et développer la part des jeunes dans des discussions les concernant directement tels que les migrations irrégulières et le rôle de la migration sur le développement local. L’OIM Tunisie insiste sur la nécessité d’un dialogue entre jeunes et institutions dans ce contexte pré-électoral.

A ce sujet, deux staff de l’OIM ont été invités en qualité d’accompagnateurs et d’intervenants au Forum Jeunesse Méditerranée 2014 de Monastir pour coacher et orienter des acteurs de la société civile dans le montage de projets sur l’entrepreneuriat social et solidaire, et sensibiliser sur l’impact positif de la création d’emplois et d’entreprise pour la stabilisation des communautés et le développement local. De plus en plus, les jeunes à travers le monde appellent à une meilleure participation civile, sociale et politique. En réponse à cela, le PNUD s’appuie sur la stratégie pour identifier les défis et les problèmes sociaux de la jeunesse mondiale d'aujourd'hui, tout en proposant des recommandations relatives aux actions à engager pour aider les jeunes à travers le monde. L’OIM s’est joint à cette initiative globale organisée du 31 Mars au 2 Avril 2014 à Tunis qui a rassemblé des parties prenantes du monde entier.

Présentation de l'action de l'OIM Tunisie avec la jeunesse